#NotreHistoire La période des débuts - errance, puis implantation locale

Article par Daniel B.
2020 02 16 episode 2

Tous les Chrétiens évangéliques affirment, avec la Parole, que l’église ce ne sont pas les murs d’un bâtiment, mais l’édifice spirituel que Dieu construit avec les pierres vivantes que chacun de nous constitue (1 Pi 2.5). Pourtant, l’expérience et l’histoire démontrent qu’une église sans local a du mal à se développer et à assoir son témoignage et ses activités dans la ville.

1920-1934 : la période d’errance

Avant 1920, à Grenoble, des chrétiens se réunissaient de façon informelle dans des familles et Mr Norris, un industriel anglais dont nous reparlerons, prend l’initiative en 1920 d’établir l’église dans un local loué dans l’ancien Hôpital civil qui avait récemment déménagé à la Tronche (emplacement actuel du parking souterrain de Philippeville en bordure du Jardin de Ville).

Malheureusement, le bâtiment est détruit en 1922 et l’église est rapatriée dans le foyer de Mme Molinier cours Berriat, une veuve de la première guerre mondiale, une femme de Dieu qui joua un rôle déterminant pendant plusieurs années dans l’établissement de notre église naissante.

En 1923, l’église passe au domicile de Mr William Taylor, un colporteur biblique qui s’installe à Grenoble rue Dolomieu.

En 2 ans, onze personnes sont baptisées et alors, un nouveau local est loué rue Voltaire pour réunir l’assemblée.

Le couple Taylor part pour le nord de la France et l’église est accueillie quelques temps chez une nouvelle convertie, Mme Cousin, rue de la Liberté.

Puis un nouveau local est loué au 27 de la rue Dr Mazet, local qui doit assez vite être abandonné car vendu.

L’assemblée se rapatrie à nouveau pendant plusieurs années chez Mme Molinier, 19 rue Anthoard, où l’affluence, selon une lettre de nouvelles, atteint jusqu’à 45 personnes dans un salon de 20 m².

Au début des années 30, un nouveau local est loué rue de la Paix. Mais ce local étant obscur, mal situé et un peu effrayant, le nombre de fidèles décroît de façon importante.

A partir de 1932, un missionnaire anglais, Edmond Squire, commence à rendre visite à ce groupe d’une trentaine de fidèles qui reste zélé et témoigne par des campagnes sous tente.

Ainsi, en 14 ans, l’assemblée de fidèles peut être qualifiée de SDF. Elle a connu 9 lieux de culte, ce qui, incontestablement, a nui à son rayonnement.

1934 – 1984 : établissement et implantation locale, mais…

Ce Mr Squire, après avoir établi l’assemblée dite de frères larges à Lyon, entreprend de stabiliser ce noyau de fidèles grenoblois dans ce quartier dit quartier St Joseph.

Il engage l’église dans la location d’un local commercial de 69 m² au 4 rue Casimir Périer, avec signature d’un bail pour le prix avantageux de 4500 Fr par an (soit 3015 € par an actuels, 251 € par mois). Il comporte un tout petit WC, une cave pour stocker le charbon du chauffage et un galetas (grenier) très vétuste.

Mme Molinier est à nouveau une des signataires de cet engagement

Précarité

Ce local loué s’avère précaire, car les activités de l’église suscitent des plaintes répétées des voisins et copropriétaires. Jusqu’en 1984, j’ai moi-même dû en gérer plusieurs. Une menace d’expulsion est formulée en 1948 en raison de célébration d’obsèques pour des membres de l’église.

Il semblera que la possibilité d’acheter ce local soit une solution à ce problème. En 1950, l’achat se fait pour un montant 600 000 Fr (soit 18 000 € actuels), une somme assez considérable pour les membres, alors que la guerre vient juste de se terminer. Le financement se fait par des dons volontaires, parfois très modestes, parfois importants (photo de quelques mandats de montants très différents, selon les ressources de chacun).

A cela vient s’ajouter un prêt de La Prévoyante, une Fondation des assemblées suisses qui depuis longtemps apportaient un soutien fraternel au développement de l’assemblée grenobloise (envoi de serviteurs).

Inconfort et vétusté

En fait ce local s’avère, avec le temps, assez inconfortable et vétuste, malgré plusieurs aménagements successifs (sur ces quelques photos anciennes de 1957, 1961, 1977 remarquez le baptistère fixe, le piano et l’harmonium à pédales, le mode de chauffage)

- le plancher au sol qui est bruyant et couine dès qu’on se déplace est remplacé par une dalle en béton et du marbre en 1972 (Stefano et Daniel sont déjà de la partie).

- il est sombre : la décoration murale est reprise, l’éclairage nettement amélioré en 82. Une sono est installée plus tard (merci Hubert).

- il est froid : chauffage au charbon au début, puis, summum de la modernité en 1970 mazout (avec les odeurs…). Il faut venir des heures avant pour alimenter en charbon puis en mazout depuis la cave et chauffer (il fait très chaud à côté, froid dès que l’on s’éloigne).

- les toilettes sont exiguës et mal placées : il faut traverser la salle et passer devant le prédicateur pour y accéder sans grande discrétion. Un simple petit lave-main sert à la vaisselle des repas en commun…

- les façades sont peu engageantes : la devanture et l’enseigne sont changées pour de l’aluminium en 1970 et 73, (photos début années 1970, avec panneau des activités)

- le local subit plusieurs fuites d’eau des étages au-dessus qui provoquent des dégâts répétés et importants : au cours d’une réunion publique en 1979, plusieurs m² de plafond s’effondrent, demandez à Stefano (légèrement blessé) et à Jean-Yves pas encore converti qui a cru au début de l’Apocalypse et au retour du Seigneur (il s’est converti peu après)… Un banc est cassé et en porte encore des traces.

Malgré tout, ce local a des atouts :

Des vitrines sur rue que Daniel B et Guerino Demasi commencent à aménager vers 1970 et à agrémenter d’affiches (elles conduiront à la conversion Christian P qui passait devant pendant des années, puis a reçu un calendrier lors d’une compétition de tennis de table dans le sud, de la part d’un jeune inconnu. Il est le père d’Elodie Davis), une localisation au centre-ville, un témoignage local fort, des conversions nombreuses. C’est dans cette salle que nous nous retrouvons jusqu’à 60 jeunes, dont une bonne partie d’inconvertis, le samedi soir. Des enfants reçoivent un enseignement, viennent au Seigneur et croissent dans la foi : certains sont des responsables engagés aujourd’hui.

Exiguïté

Et donc, ce local devient vite insuffisant pour les activités des adultes, comme pour les jeunes.

Il est également insuffisant pour les nombreux enfants de l’église, d’autant plus que celle-ci vit une mutation (d’une majorité de personnes âgées on passe à une majorité de jeunes couples avec enfants dans les années 75 à 84). L’EDD se déroule avant les cultes, de 9h à 10h dans un local encore froid. Les enfants passent trois heures à l’église le dimanche matin et 1h 30 le dimanche après-midi. Quand des bébés pleurent et dérangent le culte, pas d’autre choix que de les sortir sur le trottoir. Pendant des années, l’église prie pour des salles annexes et tente des achats (magasin de coiffure, appartements au-dessus) en vain. Une fois, nous avons même un RDV avec une personne âgée devant le notaire pour signer le compromis d’achat d’un petit appartement au-dessus, mais la vente est refusée, car la vendeuse manifestait des signes de maladie d’Alzheimer. En 1976, une pièce communicante de 11 m² est achetée au prix de 5700 Fr (soit 3250 € actuels) et Jean Boggetto et Camille Coynel fabriquent les petits bancs en bois (encore en fonction actuellement) pour y installer les enfants. L’école du dimanche commence à pouvoir enfin se faire pendant le temps de culte. Pour les préados, le grenier est sommairement aménagé avec des plaques d’Isorel. Hélène n’acceptera jamais d’y aller enseigner en raison des petites bêtes qui courraient…

L’église prie instamment pour un nouveau local, mais toutes les portes semblent se fermer lorsque, fin 1983, Dieu manifeste une solution, de façon réellement stupéfiante. Ce sera un autre épisode…

24/04/1984 : déménagement

Le 24/04/1984, l’assemblée laisse cet ancien local vide et par le vitrage, on aperçoit ce que Dieu nous a donné : nos locaux actuels, vastes (de 80 m², on passe à 750 m² de planchers), sécurisés, fonctionnels, avec une cour privative.

Cet ancien local fait place à un restaurant chinois, puis au pressing actuel que vous remarquez en sortant.

Merci à Caro et à Scott

Cet article a été publié par Daniel B. le dimanche 16 février 2020. .

Dans la même série
L'histoire de l'Église Chrétienne Évangélique