Le livre de Jonas aurait pu se terminer à la fin du chapitre 3. Mais Dieu n'en a pas fini avec son serviteur récalcitrant. Ce qu'Il veut changer, c'est son caractère, son égoïsme, son orgueil et son mépris de ceux qui ne font pas partie du peuple élu.

Jonas se rebelle car après avoir prêché le jugement à venir sur Ninive, c'est la grâce du pardon divin qui se manifeste. Il fait la leçon à Dieu, incapable qu'il est de concilier ces deux aspects de la personne de Dieu : la justice et la grâce. Il sait en théorie que Dieu est bon et compatissant, mais lorsque cette compassion s'adresse aux païens, ennemis d'Israël, pêcheurs notoirement cruels, il ne peut l'accepter, s'isole en dehors de la ville, dans une cabane fabriquée de ces mains en observateur indépendant et critique de l'action divine.

Dieu entreprend alors une pédagogie en forme de parabole. A ne pas écouter le Créateur, c'est sa Création qui va lui parler : le soleil ardent, un arbuste, un ver et un vent chaud. Jonas se retrouve dépouillé de ce qui faisait sa joie futile : l'ombre. Dieu lui a donné et maintenant il reprend, plongeant Jonas dans l'obstination. Privé de son idole (l'arbuste) et de son confort (l'ombre), il ne comprend toujours pas la priorité que Dieu donne au salut de ses créatures.

Le livre se termine sur un grand point d'interrogation : Jonas a-t-il changé ? A -t-il compris la grâce ?

Jonas nous parle de Jésus-Christ en négatif : Christ a été tout ce que Jonas n'a pas été. Renonçant à tout pour nous sauver et s'en réjouir. Jonas nous parle des juifs de son temps et des pharisiens du temps de Jésus : fiers, légalistes, fermés à la grâce. Il nous parle de nous, de nos contestations de la souveraineté de Dieu, de nos prétentions à lui faire la leçon, de notre aveuglement sur les grâces qu'il nous accorde, de notre dureté à faire grâce à notre tour, de nos colères lorsqu'il reprend après avoir donné, tout simplement pour nous faire prendre conscience de l'importance relative des choses. Jonas donne sens à l'épreuve des pertes dans nos vies : elles sont aussi une grâce de Dieu pour notre croissance en humilité et en dépendance de Lui.